Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

jeudi 17 décembre 2009

Balthazar et le Père Léon (2)

Balthazar, car vous l’avez reconnu, avait pris l’habitude de ce genre de réception. Plus il montait vers le Nord, plus il faisait peur aux populations.
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Comprenant qu’il n’avait rien à attendre des habitants, il se dirigea vers les bois pour se mettre à l’abri du froid. Ah il avait voulu connaître l’hiver et les contrées du Nord ! Eh bien, il y était et il n’avait pas trop de toute sa science et de sa magie pour arriver à y survivre, lui et ses chameaux. S’enfonçant dans les bois, il vit un feu qui brillait pas très loin et se dirigea vers lui. C’est ainsi qu’il arriva jusqu’a la cabane de Léon. L’endroit, bien que repoussant de désordre et de saleté lui sembla bien abrité ; il fit agenouiller ses chameaux et se prépara à bivouaquer.
Leon terrorisé, l’observait par une fente entre deux planches. l’homme étrange ne semblait ni hostile ni dangereux. Et puis bien vite, de délicieuses odeurs vinrent lui chatouiller les narines : la cuisine que préparait Balthazar lui semblait d’une autre saveur que les quelques châtaignes qui faisaient son ordinaire. Il entrouvrit la porte. Balthazar le guignait du coin de 1 œil. Il savait bien que ce qui cuisait dans sa marmite valait tous les charmes du monde pour attirer les sympathies. Il fit signe à Léon. Celui—ci pas rassuré mais gourmand, sortit de sa tanière. Pas à pas, lentement, prudemment, il s’approchait du feu de camp. Balthazar qui était doué pour les langues avait eu le temps tout au long de son voyage d’apprendre le dialecte des gens d’ici. Il offrit à Léon de partager son repas. Le charbonnier hésita un peu mais sa gourmandise fut la plus forte,
Il s assit à coté du mage. La bonne chère, délicatement arrosée à le pouvoir de délier les langues et d’attendrir les plus endurcis.
Balthazar savait poser les bonnes questions ; Léon eut envie de se confier et quand le mage lui demanda ce que signifiait la quantité de jouets cassés qui jonchait les alentours, Léon ne sut pas mentir. Il avoua sa détestable manie.
“ Mais pourquoi demanda Balthazar ? ”
“ Parce qu’ils me détestent, parce qu’ils se moquent de moi, alors je me venge et moi, d’abord, je n’ai eu ni jouets, ni parents. ”
“  Pas de parents, s’enquit le Mage ? ”
“ J’étais tout petit quand ils sont morts et après personne n a voulu de moi, je me suis débrouillé tout seul. , tout seul... toujours tout seul... ”
“ Pauvre Léon ! ”
Léon surpris, regarda le mage. C’était bien la première fois qu on l’écoutait, qu’on le plaignait.
« Vous savez Léon, tout pourrait changer si vous le vouliez... »  
« Mais pourquoi, puisque personne ne m’aime ? »
« Vous voudriez qu’on vous aime ? »
« Je ne sais pas peut-être... mais comment ? »
« Léon, si vous faites ce que je vous dis, vous serez l’ami de tous les enfants. Le voulez-vous ? »
Encore buté, Léon dit qu’il voulait bien essayer.



1 commentaire:

anne des ocreries a dit…

réhabilitation réussie du délinquant, je présume....:)))

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